Premières neiges

Après le flot de bile déversé par mon co-auteur aigri adoré, un post un peu personnel et un peu mélancolique.
Bonne lecture, ensuite on ira caresser quelques petits chatons, et puis on pourra de nouveau en toute tranquillité rire aux dépends de notre prochain (vivement!!)


Premières neiges sur Paris.
Des flocons tombent et la neige ne fond pas, tout devient blanc, paysage familier : je voyage dans le temps.
On retrouve comme un flash-back les hivers passés. Le froid, les odeurs, les lumières, mes talons claquent sur le sol gelé tandis que je fais attention à ne pas glisser.

Il y a un an, j'étais au même endroit dans cette petite rue du 11ème arrondissement. Il y avait comme aujourd'hui les premières neiges sur les scooters, les mêmes épaules voutées des gens sur les marches qui fument une cigarette, les mêmes rires, les mêmes verres de vin blanc.
C'était mon premier pot de départ de mon premier travail salarié.


Il y deux ans, ma première embauche, les mêmes plaques de verglas, si dangereuses pour les danseurs et les chorégraphes, les mêmes entorses, les mêmes luxations, les mêmes inquiétudes sur les visages en prévision des tournées à venir et des blessures redoutées. Les mêmes corps qui dansent sur le béton en dépit du froid.

Ce soir, je suis de retour, je souris, je salue, je hoche la tête. Les muscles de mes joues sont douloureux tellement j'essaye de rire aux bons mots, tellement j'essaye de paraître sympathique, présente dans le moment, dynamique, compétente.
J'espère que l'on se souvient de moi, de mon CV, de mon parcours.
Pourtant, chaque année, je recommence, je me présente à ces gens assemblés, qui sont tous les mêmes et toujours les mêmes.
Je bois du Chardonnay, toujours le même, laissant la chaleur de l'alcool remplacer la chaleur humaine, tandis que dehors, le froid prend ses quartiers d'hiver.

Je sers mon col et je frissonne, la rue est comme au ralenti, les restaurant et les bars ferment, les voitures roulent doucement parmi les flocons. Et j'avance vers le métro, mes talons claquent toujours sur le sol gelé.

Une boucle est-elle bouclée ou tout est-il programmé pour recommencer ainsi chaque année lorsque les premières neiges tombent sur la ville?