Un peu d'absence

Et pour cause, j'ai (à la hache) changé de vie en 1 mois et demi.

Pour faire court, je vais déménager dans la ville de Berlin. Mais pour célébrer la fin de mes études, j'ai jugé bon de faire un petit tour dans ce que les gens s'amusent à qualifier de ville la plus cool du monde, j'ai nommé Londres.

Pour les vacances quoi.

Quelques jours.

Et croyez-moi, ce qui m'a été donné de voir ne m'a pas tellement plus enchanté que n'importe quel autre abstract de civilisation sur le déclin. C'est un peu dur, mais Londres souffre de nombreux problèmes que je qualifierais pudiquement de casse-couille.

A côté de tous les petits défauts qui font aussi le charme de la ville (comme le Trafic Jam, le temps pourri ou pluvieux, le froid, le froid et le re-froid, la nourriture approximative pour qui ne cherche pas plus loin que le bout de son nez) culminent de grands avantages qui rendent la ville très particulière et attachante.




Une esthétique anglaise assez fière d'elle-même (Fortnum & Mason, le magasin Liberty en sont les emblèmes, mais aussi une sommité en matière de fric), de très jolis coins à découvrir, une architecture complètement dingue qui tabasse, une longue histoire, de superbes parcs, ainsi qu'un vrai melting-pot qui fait que chacun a l'air de vivre en harmonie avec son voisin (bon, il demeure toujours des gros cons de fachos hein), mais qui fait réfléchir aussi un peu au concept d'intégration. Certes les femmes et filles voilées coupent toujours le souffle quand on n'est pas habitués, mais au-delà du débat, le racisme ordinaire semble disparaître un peu plus facilement qu'en France.

Au-delà de tout ça, demeurent de sacrées tares qui rendent le séjour difficile. Ayant du mal à les classer, je dirais pêle-mêle les Français, le bruit, l'heure et la hype. Mais avant toute chose, il y a les inquiétantes CCTV qui ont fini par démolir le peu de liberté restantes,

Tout d'abord, les Français. J'en fais partie et j'ai eu tellement honte que j'ai voulu parler Anglais pour ne pas être identifié comme eux.

Cela commence dès l'Eurostar. L'idée simple et vraiment gerbante du "petit-shopping à Londres", grand classique de n'importe quel magazine TGV/Air-France/EasyJet a rendu fous les gens qui croient toujours que l'herbe est plus verte ailleurs.

Nanas hystéros, surrexcitées et qui ont un regard dédaigneux dès qu'elles franchissent la frontière, Londres est rempli de clones croyant détenir les clés du bon goût.
Suivies de près par leurs copains assumant mal leur homosexualité, le groupe souvent par 4 ou 6 déambule de boutiques en boutiques, se ruinant en objets factices et symboliques du déficit de leur cerveau ; espérant que tel élastique de tête leur octroiera un look tellement grungie/destroy/indie...

Les fripes (j'y reviendrai plus tard) ont bien compris ce business car elles vendent surtout à des meutes de frenchies des articles hors de prix, qu'ils pourront exhiber dans leur banlieue, sans se rendre compte qu'ils ne servent pas à grand chose, sauf à grossir les rangs des attractions attrape-touristes, moins institutionnelles, mais quand même.

D'un autre côté, se retrouvent les grosses familles de frenchies, ceux qui portent des polaires que ce soit sur la tête, en pull ou en gants, marchant lentement par lignes infranchissables. S'extasiant sur chaque cabine téléphonique (qui sont surtout des pissotières), mais râlant tout le temps sur ces Anglais. Autant qu'eux, les Français en vacances sont un concept auquel il faudrait foutre le feu, tellement la niaiserie dont ils font preuve est avilissante pour le genre humain.

Les Français sont partout. PARTOUT! Il y en a trop, ils parlent fort, se plaignent et se foutent à haute-voix des gens qui les entourent. Pourtant, les Anglais ne sont pas plus aveugles...

Et malheureusement, le concept de la hype française s'exporte très-bien Outre-Manche. Les espèces de sauces qui servent de musique aux lounges, la house aussi digeste qu'un quintal de fudge au beurre se vend très bien. Et c'est dommage compte tenu de leurs artistes house qui arrivent à faire des choses bien plus couillues que nous (Basement Jaxx pour les plus connus). Le renouveau de la French-touch fait carton plein. Cette avancée est aussi agréable qu'un toucher rectal profondément inséré par un vieux arthrosé.

Londres n'a rien à envier à la musique Française, surtout pas son côté canapé-moisi. Londres est capable de vivre au delà de 120 bpm, Paris moins. Tenez-vous le pour dit.

Deuxième gros défaut, le bruit. On a souvent en tête l'image populaire des pubs bruyants, de mecs cuits qui gueulent devant un match de foot, mais ce bruit ambiant se retrouve dans les boulevards, les marchés, les concerts et les clubs.
L'ambiance sonore élevée est quelque chose de normal, mais les Anglais ont une fâcheuse propension à parler plus fort que le brouhaha qui les entoure. Et ce, même en club ou en concert. A tel point que l'envie de foutre dehors à coup de pied au cul les gens qui crient me tiraillait les entrailles. La capacité de s'extasier un dimanche soir sur un concert (pardonnez-moi l'expression) "expérimental" (qui cache surtout de l'amateurisme flagrant) est rendue impossible par des types vomissant des rires gras, titubant et leurs copines so excited to be here...

Rien ne va plus mon colonel.

Un des reproches majeurs que je pourrais faire à la ville est l'état d'esprit du TGI Friday (je sais que ce n'est pas Londonien, mais c'est pour schématiser). Birge Drinking trop fun, les bars, les pubs, la plupart des endroits ferment purement et simplement, brutalement très tôt, et ce sont des hordes de mecs complètement cuits, faisant de Londres une ville salement morte passée une certaine heure. Heureusement, la ville fourmille de petits clubs secrets aux soirées un peu obscures où il n'est pas trop difficile de rentrer.

Mais attention car à l'intérieur, on retrouve bien souvent la bête-bruit.

Enfin, aux côtés de tout cela, se hisse un manifique constat de gentrification effrayante et vertigineuse de la ville.

Se balader sur Oxford Street, c'est voir 3 H&M, 6 Starbucks et 4 Zara en 150 mètres (par exemple). Alors, certes, existent des remparts et des marques cools, mais où sont les très avant-gardistes créateurs de mode Londoniens si réputés ?

Dans les arrières-cours ? Des passages ouverts où se cotoient d'autres Starbucks et des petites boutiques hors de prix qui proposent ce qu'on voit déjà chez H&M (décidément).

Des magasins post-hippies, post new-age au possible qui sentent puent l'encens à des mètres à la ronde n'offrent rien de plus qu'un sale massage thaï ringard avec deux piqures d'acupuncture.

Tristesse et vacuité de l'avant-garde peu existante côtoient les marques historiques qui ont trouvé un noyau dur de porteurs aux rouflaquettes bien senties, mais ces rouflaquettes ont le portefeuille bien plus rempli que ne devrait l'être le portefeuille de n'importe quel prolo.

Pourtant, au milieu de tout cela résistent les fripes. Trop cool l'endroit. Va t'acheter des godasses second third-hand pour un prix dépassant allègrement la centaine de livres. Tout se trouve et s'achète à prix d'or dans une sorte de brouhaha hystérique. Rangés par couleurs, les articles souvent criards, bavent le snobisme incongru.
Se croire trop rock'n'roll, c'est passer par ici ; un peu à la manière de l'insupportable Kate Moss.

Tiens, d'ailleurs parlons-en d'elle. Vous n'ignorez sans doute pas que pour pallier à sa frustration de ne pas être iconic, elle sort à tout prix avec les branchouillés les plus bankable de la street cred lock'n'lol du moment -ou essaie tout du moins de s'accoquiner avec eux- : le très insupportable Jamie Hince de son non moins insupportable groupe The Kills, le encore plus débandant Pete Do Hurty, la terrible Beth Ditto etc etc...
Tant et si bien que sa stratégie sentant l'échec comme un sandwich au pâté dans un TGV, Kate a voulu gagner en iconic cred en placardant sa gueule il y a deux ans sur tous les t-shirts de marques Sooooo destroy.
Reprenant à l'infini le concept déclinable jusque dans les confins du néant, Kate posait à la manière des stars les plus connues (pas les plus talentueuses hein), sur des t-shirts kothai. Cette stratégie fonctionnant bien, la au moins plus jolie Agyness Deyn se mit à faire pareil...
Or, ces t-shirts qui te donnent un air tellement cool, sont encore vendus dans ces petites boutiques d'arrières-cours de Londres, censées symboliser ce qu'on appellera salement la hype.

Outch!

Si vraiment tu es frustré par la vie, tu peux te taper l'autre option : chopper une marque éphémère branchée qui te vendra un t-shirt pour la modique somme de 35-40 livres. Tout est déjà marketté à l'extrême. Puant le caprice de bourge, tout ce à quoi tu pourras oser penser sera déjà calibré. De ton appareil photo Holga à ton vélo à dérailleur fixe...Tristesse.

Pourtant si tu es un peu moins nanti, tu pourras tout de même te venger en dévalisant des boutiques à chier qui te vendent du concept avant de te vendre de la personnalité. La garde robe 55DSL qui te donnera un look electro-rock à t-shirt col en V abject, le complet veston Kooples t'offrant la ringardise à portée de bourse. Tout cela incite à vomir le gratin de ce midi jusqu'au contenu de ton gros intestin ; tout se retrouve et plus rien ne fonctionne correctement.

Que veux-tu, tu trouves ta place dans ce que tu représentes, mais attention, tes 300 livres de fringues ne sont rien sans la coiffure qui sent bon (et à laquelle tu ne pourras absolument jamais échapper)!

Le cool, le vrai, le marché de créateurs se retrouve aux endroits où on les attend. Des grands marchés couverts, de petites marques forts meugnones vendent le concept de "Londres" à la pelle. Faisant rêver devant des prix presque abordables où se côtoient t-shirts de meme vendus en masses par des vendeurs chinois, fripes hors de prix et créateurs de bijoux/t-shirts.
A la surprise générale, le cool ne se trouve que dans les endroits cools, et tout semble s'effondrer comme un château de cartes.

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