Battant, battus à mort

Battant, ça a été une longue et belle histoire d’amour pour moi. La sortie de No Head il y a presque deux ans avait été une révélation surprenante. L’album nerveux, qui, faisant feu de tout bois en assumant ses origines électroniques et pop minimaliste, mené par la charismatique et très jolie Chloé qui scandait nerveusement ses chants grâce à une voix à mi-chemin entre Nico et Siouxsie était bien. Oui, No Head était vraiment bien, presque parfait.

Seulement, il arrive toujours un moment où un groupe se casse un peu la gueule, voire se rétame complètement par terre. Tout dépend de quand et comment. Alors plutôt que de sortir une phrase vide de sens à la Manœuvre-rock-critic-ticket-restau et faire un n-ième et inutile parallèle entre 1955 et aujourd’hui (ce qui n’offre à mes yeux qu’un intérêt digne d’un sudoku force 4 fait aux chiottes). Je vais me contenter de décrire objectivement ce que j’ai vu.

 

Ce jeudi 25 novembre, le public peu nombreux du Point Ephémère, constitué à 80% de personnes portant des ourlets, une coiffure asymétrique ainsi qu’une moustache pour les mecs (et les plus rrrrriot d’entre nous) est visiblement à moitié conquis. Partagé entre le plaisir frimeur de se trouver au bon endroit et la circonspection suspecte, il n’a pas tellement réagi. Non, le public était mou. Certes, Battant n’est pas une machine à moshpit, Battant n’a jamais été fer de lance d’une quelconque scène, juste d’une grosse hype il y a deux ans.

Battant, ça a été une longue et belle histoire d’amour pour moi. Ayant généreusement tourné, j’avais pu réussir l’exploit extrémiste de les voir 4 fois en un an (oui oui). Ce soir-là on arrivait à 5. Non pas que j’ai traversé la France exprès pour les voir (oui, bon un peu), j'étais aussi présent pour les géniales filles de MENSCH qui ont un peu épicé la soirée grâce à la nervosité des guitares incisives, des beats coupés au massicot [et de leurs cheveux courts] (pour ta gouverne, lecteur, tu peux télécharger gratuitement leur EP par ici, et franchement, lecteur, si tu ne le fais pas, tu te rends coupable du crime de lèse-majesté le plus crapuleux de la galaxie!).

Bref, revenons à Battant. Je me suis toujours demandé si le charme de Chloé et sa classe folle n’ont pas rendu le groupe plus attrayant qu’il ne l’aurait dû. Certes, un peu, mais on ne va pas cacher que c’est toujours un chouette + pour un groupe d’avoir un leader charismatique. Alors voilà, Battant, c’est à géométrie variable, composé de 2 membres au départ, puis 3, puis 3 mais avec le premier qui se casse, bref... Le beau foutoir a fini par faire que Joël, Tim et Chloé ont sillonné les routes bras dessus, bras dessous l’an dernier avec tout un bagage de hype à leur trousse. T-shirt dessinés par Kulte, remixés par l’extrémiste électronique Andrew Weatherall, produits par l’inévitable Ivan Smagghe, No Head avait été une tuerie.

Sans vraiment de nouvelles de la part de la formation, peu enclins à en donner car réfractaires aux réseaux sociaux, les maigres news de leur blog permettaient même de se demander si Battant n’avait pas été mis en off. Un album théoriquement écrit il y a un bail, une collaboration vocale avec The Hacker pour Chloé, et puis, et puis… rien. On attendait encore des nouvelles. 
Alors quand l’annonce surprise de ce concert a fait son apparition, ce fut joie et allégresse pour moi, heureux de pouvoir en découdre avec ces rumeurs.

Et là, paf ! Une espèce de trio, duo, quatuor est apparu sur scène. Composé de Chloé visiblement défoncée à mort, Joël, visiblement défoncé également, mais qui se marraient bien entre eux, font que la première chanson tombe à l’eau. Entrée ratée, problèmes de rythmes, son cradingue, mal réglé…. Accompagnés par une claviériste restée dans l’ombre et qui, j’ai eu l’impression ne servait franchement à rien, ainsi qu’une bassiste avec une coiffure palmier digne des meilleurs épisodes d’Extrême Limite, le piètre performance finit par installer un énorme malaise entre le public et eux.

Pathétiques de bout en bout, leur prestation mettant fin à l’attente est maigrement récompensée par 2 inédits dont un avec Chloé au violon qui aurait pu être bien si seulement ils avaient voulu se renouveler et s’ils avaient pu jouer correctement. Exit les soubresauts hoquetant de leurs claviers. Exit les paroles scandées fièrement. Engluées dans un maelstrom alcoolique, les paroles mâchées et la guitare trop insistante au son hard FM digne de U2 ont fini de clouer la planche du cercueil dans lequel ils se sont volontairement glissés ; tuant à jamais les derniers instants de gloire d’un dernier groupe interchangeable.

Battant, ça m’a un peu donné la chiasse, et ça m’a laissé la furieuse impression d’avoir été berné…

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